Depuis plusieurs années, le Québec connaît une situation de rareté de main-d'œuvre qui continue de s’aggraver.
Cette situation est particulièrement préoccupante dans certains secteurs d’activités, comme les services à la personne, qui connaissent pourtant une hausse importante de la demande en raison du vieillissement de la population.
De leur côté, plusieurs régions du Québec connaissent une pénurie de main-d'œuvre accentuée par une crise du logement. Pour assurer l’attraction de nouveaux travailleurs et travailleuses, celles-ci doivent innover et soutenir des partenariats entre les acteurs pour mettre en place de nouvelles solutions.
De son côté, le taux de chômage relativement bas, souvent cité comme un indicateur de la santé économique, masque des iniquités sous-jacentes. Certaines régions affichent des taux de chômage plus élevés que d'autres, et ce phénomène touche de manière disproportionnée les nouveaux arrivants ainsi que les personnes éloignées du marché du travail. Au Québec, les personnes immigrantes rencontrent des obstacles spécifiques à l'emploi. Leur progression professionnelle y est relativement plus lente qu'ailleurs au Canada, mettant en lumière des défis particuliers d'intégration sur le marché du travail. Pour les personnes en situation de handicap, plusieurs freins importants nuisent à leur inclusion au milieu du travail. Ainsi, sans les ressources appropriées pour leur réintégration, le milieu du travail présente de nombreuses barrières difficiles à surmonter sans accompagnement.
Au cours des dernières décennies, les inégalités de revenu entre les hommes et les femmes se sont amenuisées, mais des disparités persistent toujours, particulièrement en matière de patrimoine. En effet, les écarts de patrimoine entre les sexes continuent de refléter des déséquilibres importants qui accroissent les disparités sociales et économiques entre les hommes et les femmes, notamment à l’âge de la retraite. Malgré un accroissement général de la richesse et une augmentation de la moyenne salariale, les inégalités salariales au sein des entreprises se sont creusées et certains groupes de travailleurs et de travailleuses voient leur situation économique se détériorer au fil des ans. L’écart de rémunération entre les emplois mieux rémunérés et les moins bien payés s’accentuent et pourraient contribuer à creuser à nouveau les écarts entre les hommes et les femmes, notamment.
Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes en situation de proche aidance au pays augmente constamment. Le soutien aux personnes plus vulnérables —enfants, personnes aînées, personnes handicapées—reste largement assumée par les femmes. Ce rôle de soutien informel a pour conséquence un retrait graduel du marché du travail ou un accroissement des responsabilités assumées par certains travailleurs et travailleuses, qui vivront les conséquences économiques de cette situation à court, moyen et long terme et à une accentuation des inégalités de patrimoine.
L'économie sociale joue un rôle crucial pour remédier à ces inégalités. Historiquement, elle a contribué à l'insertion socioprofessionnelle de nombreuses personnes éloignées du marché du travail, notamment à travers l’accompagnement offert par les entreprises d'insertion et adaptées. Ces entreprises constituent également un tremplin important pour les nouveaux arrivants. Au cours des dernières années, de nouveaux modèles ont aussi émergé afin de répondre à l’émergence et à l’accroissement des besoins. Ces innovations sociales, portées par l’économie sociale, ont permis la participation au marché du travail de nouveaux travailleurs et travailleuses dans une période où les entreprises rencontrent des difficultés importantes de recrutement partout au Québec.
En privilégiant la réponse aux besoins des communautés, l'économie sociale développe des solutions qui peuvent contribuer à maintenir des gens en emploi, mais aussi à améliorer la qualité de vie des personnes par des services de qualité. En créant le réseau des CPE, l’économie sociale a permis à des milliers de femmes d’intégrer le marché du travail, mais aussi de disposer de ressources éducatives de qualité pour leurs enfants. Aujourd’hui, avec le vieillissement accéléré de la population, de nouveaux enjeux se font sentir et les impacts à venir sur les femmes seront importants sans la création de services suffisants au soutien des personnes aînées.
Le Sommet de l’économie et de l’emploi de 1996 a mis de l’avant différentes solutions pour contribuer à la lutte à la pauvreté portées par des acteurs de différents horizons. Près de trente ans plus tard, l’économie sociale souhaite poursuivre ses efforts pour améliorer les conditions d’emploi au sein de la population québécoise et lutter contre l’accroissement des inégalités socioéconomiques, notamment en offrant des milieux de travail de qualité, mais aussi en contribuant au bien-être de la population par une meilleure répartition des richesses et à l’inclusion au travail du plus grand nombre, peu importe les défis rencontrés.