Le Québec fait face à une population vieillissante. L’économie sociale a un rôle clé à jouer, maintenant et dans l’avenir, avec des solutions axées sur l’accessibilité, la qualité et la pérennité.
Le vieillissement rapide de la population met en relief un enjeu critique : la place dominante du modèle à but lucratif laisse pour compte des pans entiers de la population québécoise.
L’économie sociale constitue un levier important pour répondre aux besoins complexes, divers et évolutifs des personnes aînées. Le mode de gouvernance des initiatives favorise la création de ponts entre les personnes concernées et les membres de la communauté. Ces relations permettent d'enraciner les initiatives et de développer des collaborations stratégiques qui contribuent à la vitalité des territoires, à la conservation ou au développement de services de proximité, mais aussi au maintien des personnes aînées dans leur communauté. Les visages de la vieillesse sont multiples ; les options résidentielles, de services, de transports et de loisirs, pour ne nommer que ces sphères, devraient l’être aussi.
Dans cette optique, l’économie sociale est définitivement une voie à emprunter pour y arriver.
En matière d’habitation et d’hébergement pour personnes aînées, bon nombre d’initiatives d’économie sociale nous démontrent la capacité qu’a ce mouvement à innover pour répondre adéquatement aux besoins évolutifs des personnes aînées et à tisser des partenariats avec le réseau local pour offrir une diversité de services. À travers leur modèle de gouvernance démocratique, ces initiatives ont la capacité de mobiliser et faire contribuer les personnes aînées à la conception et à l’animation de leur milieu de vie, favorisant ainsi leur participation sociale en plus de leur offrir un milieu de vie adapté à leurs besoins. Parmi ces initiatives innovantes, on voit poindre depuis quelques années des projets de milieux de vie axés sur une approche intergénérationnelle et multiservices.
L’accès aux services à domicile est un élément pivot pour permettre aux personnes aînées de se maintenir en bonne santé et, le cas échéant, de bénéficier des services qui leur permettront de rester à domicile aussi longtemps que possible ou que souhaité. En économie sociale, cette préoccupation est au cœur de nombreuses initiatives et a donné lieu à de multiples innovations sociales, dont certaines démontrent leur pertinence depuis plusieurs décennies. Le Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale d’aide à domicile, innovation sociale issue du Sommet de l’économie et de l’emploi en 1996, est essentielle pour le soutien à domicile des personnes en perte d’autonomie. Le réseau compte près de 100 organisations (OBNL ou coop), présentes dans 17 régions et offrant plus de 7 millions d’heures de services auprès de 100 000 personnes en perte d’autonomie, principalement des femmes (71 %) de 65 ans ou plus (79 %) vivant seules (70 %).
Au-delà des services de soutien à domicile, les entreprises d’économie sociale répondent également à une diversité de besoins permettant de soutenir le maintien dans la communauté. Des initiatives collectives émergent notamment pour offrir des menus travaux et soutenir les personnes dans l’entretien de leur habitation. D’autres s’assurent que les personnes aînées aient accès à des repas sains, de qualité et abordables.
La gouvernance démocratique est l’un des fondements des entreprises d’économie sociale, l’implication des personnes aînées y est valorisée et encouragée. Les personnes aînées peuvent donc influencer directement la nature des services qui leur sont offerts.
L’économie sociale a la capacité et le potentiel de nourrir et cultiver des espaces et des lieux de participation sociale et de pratique de la citoyenneté qui demeurent des enjeux centraux pour divers groupes de personnes aînées, en raison notamment des inégalités socioéconomiques, de genre, de santé et de capacité.
Pour le bien-être des personnes aînées et contrer l’isolement et l’exclusion sociale, la question de l’accès à internet et du développement de la littératie numérique n’est pas à négliger. Les difficultés liées à la technologie sont des facteurs d’isolement quand de nombreuses activités sociales et culturelles sont offertes ou annoncées en ligne, sans parler du recours de plus en plus répandu aux applications mobiles pour l’accès aux services de santé et les suivis médicaux. De fait, des entreprises d’économie sociale comme Insertech dédient une part de leur offre de services au soutien à la littératie numérique pour les personnes aînées.
La participation et l’accès à des activités culturelles et sociales peuvent être freinés par des enjeux de mobilité. Certaines initiatives collectives développent des offres innovantes pour répondre au besoin des personnes âgées de se déplacer facilement (taxi collectif, transport adaptés, services d’accompagnement au transport, navettes et triporteurs etc.).