Au cours des dix prochaines années, le Québec pourrait être témoin d’une vague très importante de fermetures d’entreprises due au départ à la retraite ou au retrait des affaires d’une majorité de propriétaires d’entreprises.
Cette pression sur notre économie, couplée à une baisse de la proportion de Québécoises et Québécois désireux de se lancer en affaires, pourrait mener à d’importantes pertes d’emploi et de chiffre d’affaires.
C’est d’ailleurs ce qui a pu s’observer au Japon, qui a dû composer avec une réduction de 21% de son nombre de PME en seulement quinze ans (entre 1999 et 2014). Au Québec, un tel scénario représenterait la fermeture de plus de 50 000 PME avec au moins un employé. Les conséquences d’une telle vague de fermetures d’entreprises seraient dévastatrices pour l’économie de la province. Il est donc crucial que la relève entrepreneuriale québécoise ainsi que les entreprises existantes soient préparées à reprendre ces entreprises et à en créer de nouvelles.
Notons également que la compétition et les coûts d’opération dans certains secteurs d’activités économiques requiert que les entreprises atteignent une plus grande taille et un chiffre d’affaires plus élevé pour demeurer compétitives et avoir accès aux appels d’offres publics. Pour toutes ces raisons, la mise en œuvre de programmes et de politiques publiques qui soutiennent l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs et qui facilitent la reprise d’entreprises, notamment comme stratégie de changement d’échelle pour des entreprises existantes, s’avère essentielle.
Investir des ressources dans des mesures soutenant la reprise collective et l’entrepreneuriat collectif est dans l’intérêt commun, en particulier dans un contexte de vieillissement de la population, de croissance des inégalités sociales et d’accélération des effets des changements climatiques.
En effet, viser de faire croître la proportion d’entreprises québécoises qui appartiennent à l’économie sociale (environ 6% actuellement) est une stratégie gagnante puisque les entreprises d’économie sociale sont en moyenne beaucoup plus résilientes que les sociétés privées : ce sont 85% des entreprises d’économie sociale qui exercent leurs activités depuis plus de 10 ans, contre seulement 43% pour les sociétés privées. Cette durabilité des EÉS s’explique notamment par le fait qu’elles se collent aux besoins de la collectivité et en retour peuvent s’appuyer sur le soutien continu de la communauté qu’elles desservent, laquelle a un intérêt dans l’atteinte de leur mission sociale.
En soutenant l’émergence et le développement d’entreprises collectives, on peut donc stabiliser les marchés, assurer un meilleur arrimage entre les besoins de la population et les biens et services offerts, réduire le risque de délocalisation de nos entreprises québécoises ou de reprise par des intérêts hors du Québec. Finalement, n’oublions pas qu’en plus de leur ancrage territorial et de leur stabilité, les entreprises d’économie sociale permettent souvent de compenser des failles du marché traditionnel et de répondre à des besoins autrement délaissés par les sociétés privées.